Plongez dans l’univers d’un cidre qui a du caractère !
Imaginez : la soixantaine approchant, l’envie de tout changer, de laisser derrière soi des décennies dans un domaine si différent, pour se jeter corps et âme dans le monde de la pomme. Et pas n’importe laquelle, hein, la pomme bretonne, celle qui fait le cidre qui nous fait vibrer. Eh bien, c’est exactement le pari qu’a relevé Alain Réty. À 56 ans, il a osé. Et aujourd’hui, ce n’est pas un, mais DEUX médailles d’or qui brillent, celles de la prestigieuse Maison cidricole de Bretagne, décernées en juin 2025. Excusez du peu ! Son cidre de pays brut et son demi-sec sont désormais sur toutes les lèvres, ou presque. Ce n’est pas juste une boisson, c’est une histoire, un terroir, une passion qui se décline en bulles fines et en saveurs complexes. Une vraie belle surprise, vraiment.
L’alchimie d’un breuvage d’exception
Ce qui fait le bon cidre, selon Alain Réty, c’est une affaire d’équilibre. Pas de place pour l’à-peu-près. Il vous le dit avec cette précision qui sent le vécu, le savoir-faire : « Pour obtenir un bon cidre, il faut un équilibre entre l’acidité et l’amertume. Il ne faut surtout pas d’arrière-goût. Dernier point : une bulle fine. Important. » On sent le perfectionniste, celui qui cherche la petite bête, mais pour le bon côté des choses, celui qui élève le produit. Et visiblement, ça marche. Ces deux médailles d’or, c’est la preuve que sa quête de la perfection a été couronnée de succès, de la plus belle des manières.
Et ce succès, il arrive après une vie bien remplie, mais dans un tout autre univers. Trente ans dans le conseil juridique agricole. On imagine bien le changement de cap ! Alain vous expliquera ça avec humilité et une pointe d’autodérision : « Au bout de 30 ans dans le même boulot, il fallait que je reparte sur un autre projet. J’avais 56 ans, j’avais perdu mon épouse, mes enfants étaient casés… Il était temps que je me bouge. Je voulais exercer une activité agricole avec de la vente directe. » Voilà, une envie profonde de donner un nouveau sens, de se reconnecter à la terre, de créer quelque chose de concret de ses mains. Et quoi de mieux que la pomme, ce fruit tellement emblématique de sa région, pour concrétiser ce rêve ?
Du droit à la pomme : le virage à 56 ans
Alors, entre la fromagerie et la cidrerie, son cœur a fait tilt pour le jus de pommes fermenté. Qui pourrait lui en vouloir ? Il a donc plié bagage, quitté son ancienne vie pour s’installer à Ploërdut, là où il a grandi, dans la ferme familiale. Un retour aux sources, une renaissance pour ce lieu chargé d’histoire, exploité par son grand-père dès le début du XXe siècle. La ferme de Malvoisin s’est réveillée, portée par cette nouvelle énergie.
Pour se lancer dans cette aventure cidricole, pas de fausse modestie. Alain a cherché les bons conseils. Comme il le dit si bien, Matthieu Havard, œnologue à la chambre d’agriculture de Bretagne, lui a été d’une aide précieuse. « Il m’a donné tout le protocole de fabrication du cidre et des conseils pour le matériel. » Le matériel, parlons-en ! Tout a été chiné, déniché d’occasion : pressoirs, cuves, filtreuses… Une approche intelligente, pragmatique, qui permet de démarrer sans se ruiner, tout en misant sur la qualité.
Le trésor des variétés de pommes bretonnes
Car oui, la qualité, c’est le maître mot. Et pour un cidre breton médaillé d’or, la matière première est capitale. Alain ne fait pas les choses à moitié. Il sélectionne ses pommes dans une quinzaine de vergers, éparpillés dans un rayon de 25 km autour de sa ferme. Il a un faible pour les vieilles variétés locales, celles qui racontent une histoire : le Rouget de Dol, le Locard vert, la Peau de chien… des noms qui chantent ! Bien sûr, il y a aussi des fruits plus modernes, mais toujours avec un critère de sélection très précis. Il explique avec clarté : « Il y a deux sortes de vergers, dit Alain Réty : ceux des grands-pères plantés avant les années 70 : 20 à 30 pommiers qui donnent des variétés du coin. Et les vergers plus grands, plantés après 1984 : des vergers industriels avec toujours les mêmes variétés de pommes… Moi, je ne récolte pas tous les fruits. Seulement ceux qui permettent de faire un cidre de bonne qualité. » C’est cette exigence, ce refus du compromis, qui fait toute la différence.
La récolte, c’est un peu comme une chasse au trésor, effectuée en trois fois, pour attraper le moment parfait où les pommes atteignent leur pleine maturité. Ensuite, tout s’enchaîne avec précision : le broyage, le pressage, puis ce jus si précieux est refroidi pour une fermentation lente. Imaginez, une température idéale de 8°C, comme si on y était en plein mois de novembre. Une invitation à la patience, à laisser le temps faire son œuvre.
L’art subtil des assemblages
Et puis, arrive l’étape la plus délicate, celle qui fait toute la personnalité du cidre : l’assemblage. Avant la mise en bouteille, qui s’étale sur un mois entier, Alain et son œnologue, encore eux, se retrouvent pour déguster, marier les différentes cuves. « Avant la mise en bouteille, qui dure un mois, mon œnologue goûte les différentes cuves et on fait les assemblages. » C’est dans ces moments-là, entre passionnés, que naît la magie. Cette attention minutieuse aux détails, c’est ce qui transforme un bon cidre en un cidre breton médaillé d’or, reconnu pour son caractère et sa finesse.
Avec une production annuelle de 40 à 50 tonnes de pommes, la cidrerie La Malvoisine voit naître pas moins de 15 000 bouteilles de cidre. Mais ce n’est pas tout ! Alain produit aussi 5 000 bouteilles de jus de pommes, 400 de chouchen (une sorte d’hydromel, délicieux !) et 2 000 de poiré. Et même les restes de pommes ont une utilité : « Je confectionne du vinaigre de cidre avec les résidus de pommes. » Zéro déchet, l’économie circulaire avant l’heure !
Des produits issus de l’agriculture biologique
Petite précision qui a son importance : tous les produits de La Malvoisine sont certifiés biologiques. C’est un engagement fort pour l’environnement et pour notre santé. Et pour les curieux et les amateurs de saveurs rares, Alain propose des spécialités mono-variété, mettant à l’honneur des pommes oubliées comme la Peau de chien ou la Guillevic. Une belle façon de redécouvrir le patrimoine fruitier breton.
Un avenir qui pétille
Aujourd’hui, Alain distribue ses trésors dans un rayon de 50 km autour de sa ferme. Les marchés locaux, les magasins bio (Biocoop, bonjour !), les boulangeries, quelques épiceries et même certaines grandes surfaces, tout le monde peut goûter à ce cidre d’exception. « Dire qu’au début, je m’étais lancé dans le cidre pour avoir mes trimestres pour la retraite… Je me suis pris au jeu et j’ai une entreprise qui tient la route. » On sent la satisfaction dans sa voix, le plaisir d’avoir réussi son pari.
Et l’avenir ? Il est tout aussi prometteur. L’objectif est clair : continuer à élever la qualité de son cidre, et pourquoi pas, aller chercher une nouvelle médaille d’or, cette fois-ci pour son poiré. Alain Réty nous prouve qu’il n’y a pas d’âge pour réaliser ses rêves, que la passion et le travail peuvent transformer une reconversion audacieuse en un succès retentissant. Une belle leçon de vie, savoureuse à souhait.
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